mardi 28 avril 2009

Gilles Taillon prend ses distances des conservateurs


(Article de Tommy Chouinard La Presse )

(Québec) Sitôt entré dans la course à la direction de l'ADQ, Gilles Taillon prend ses distances des conservateurs de Stephen Harper, ce qui marque une rupture avec la position de l'ancien chef Mario Dumont.

Le candidat remet également en question une position traditionnelle du parti, l'abolition des commissions scolaires. Comme de plus en plus d'adéquistes, il est favorable à ce que l'élection du chef, prévue en février 2010, soit devancée à l'automne.

Même s'il se dit le «candidat de la continuité», Gilles Taillon a indiqué qu'il ne se collera pas sur les conservateurs comme l'a fait Mario Dumont. «Je pense qu'il faut garder une totale objectivité par rapport aux partis fédéraux quand on veut entreprendre une négociation sur un nouveau pacte confédéral», qui vise à donner plus d'autonomie au Québec, a-t-il affirmé hier, lors d'une conférence de presse où il a confirmé sa candidature après une courte retraite de la vie politique active.

«On ne sait pas avec qui il faudra faire les négociations dans quelques années. Je veux me placer dans une position de négociation, de rapport de force. Je pense qu'on va garder notre réserve là-dessus. Nos candidats sont libres, peuvent se prononcer. Mais moi, je n'embarquerai pas dans un alignement politique vis-à-vis d'un parti fédéral.»

M. Taillon entend «garder beaucoup de réserve» aux prochaines élections fédérales. Interrogé pour savoir si sa position marquait une rupture avec celle de l'ancien chef, il a répondu que «M. Dumont a pris des positions au fil des ans comme chef et il n'est plus chef». Mario Dumont n'a jamais caché son penchant pour les conservateurs. Il a fait des sorties publiques en faveur de Stephen Harper lors des deux dernières élections fédérales.

De son côté, le député de La Peltrie, Éric Caire, également candidat dans la course, n'hésiterait pas à appuyer un autre parti s'il répond mieux aux intérêts du Québec. L'autre candidat dans la course est l'ex-député de Lévis, Christian Lévesque.

Gilles Taillon se dit prêt à revoir l'idée d'éliminer les commissions scolaires. «Si on gardait les commissions scolaires en structure de service, qui dépendent des écoles et non l'inverse, moi je suis ouvert», a-t-il dit. L'ancien vice-président de la Fédération des commissions scolaires (de 1996 à 1998) reprend ainsi la proposition récente d'un groupe de «sages» du monde de l'éducation.

Pour le reste, l'homme de 63 ans compte maintenir les «orientations fondamentales» du parti. L'ex-député de Chauveau, à Québec, évoque une possible «actualisation» des engagements, mais au fond, il ne présentera «rien de différent». «On n'a pas été battus sur notre programme. Les gens ne sont pas allés voter» et les libéraux ont «fait énormément de fausse représentation». L'ancien président du Conseil du patronat, de 1998 à 2006, a placé l'économie au coeur de sa campagne, vantant sa «crédibilité» et son «expérience».

Plusieurs adéquistes - dont la commission jeunesse - veulent devancer l'élection du chef à l'automne, une idée qui plaît à Gilles Taillon. «Une course courte, ça donne un chef plus rapidement, ça permet de faire les choses plus vite, on gagne trois, quatre mois. Pourquoi pas?» a-t-il lancé.

Le comité exécutif - dont fait partie M. Taillon - a opté pour la tenue d'un congrès en février 2010. Les avis étaient partagés sur la question. Un débat sur les règles de la course aura lieu au conseil général, les 30 et 31 mai. À sa première rencontre officielle, dimanche dernier, les membres du nouveau comité des anciens parlementaires de l'ADQ se sont prononcés pour la plupart en faveur d'un scrutin à l'automne. Le camp d'Éric Caire milite aussi pour devancer le congrès.

Gilles Taillon n'entend pas se présenter aux élections partielles dans Rivière-du-Loup et Marguerite-Bourgeoys. Il ne demandera pas à l'un des députés adéquistes de lui céder son siège s'il est élu chef. M. Taillon veut briguer les suffrages en Outaouais, bastion libéral, comme aux dernières élections. L'occasion ne pourrait se présenter qu'aux prochaines élections générales. «Ce n'est pas un drame que le chef de l'ADQ ne soit pas à l'Assemblée nationale pendant un certain temps. C'est peut-être même un bienfait pour faire du financement et de l'organisation», a-t-il dit.

DES FLEURS POUR NORMANDEAU

Gilles Taillon a lancé des fleurs, hier, à la vice-première ministre, Nathalie Normandeau. C'est sa « libérale préférée « mais, comme il l'a précisé lui-même, il ne peut pas «mettre la main dessus au sens biblique «. Mme Normandeau entretient en effet une relation amoureuse avec le député adéquiste François Bonnardel, coprésident de la campagne de Gilles Taillon. Ce dernier ne voit «aucun problème» dans cette relation. «J'ai confiance en François. Il m'a parlé de cette relation dès le début. Je suis très à l'aise», a-t-il dit. Au sujet de Mme Normandeau, Gilles Taillon a ajouté: «Je pense honnêtement que c'est une excellente ministre. «

lundi 27 avril 2009

Taillon se lance dans la course à la direction de l'ADQ

(Source: Article de Michel Corbeil, Le Soleil)
(Québec) Gilles Taillon se lance dans la course à la direction de l'ADQ avec l'objectif d'amener au pouvoir dès le prochain scrutin général la formation qu'a fondée Mario Dumont, en 1994.

L'ancien député adéquiste de Chauveau a officiellement entrepris sa campagne, hier matin, à Québec. Il s'est dit assuré que les Québécois n'ont pas tourné le dos à son parti, malgré la déconfiture électorale aux élection de 2008, où à peine 7 des 41 députés ont surnagé.

«Nous n'avons pas été battus sur la base de notre programme», a insisté Gilles Taillon. Selon lui, une «campagne de propagande habile de la part de nos adversaires», a-t-il dit, a contribué à «discréditer l'ADQ. La réalité et le temps ont remis les choses à la bonne place», a avancé le candidat à la direction.

M. Taillon a notamment rappelé que les libéraux de Jean Charest se sont fait réélire en jurant aux Québécois que leur gouvernement éviterait de retomber en déficit. Cela a été infirmé par la présentation du dernier budget de la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, avant sa démission, il y a quelques semaines.


«Nous avons eu une drôle de campagne électorale, a expliqué un peu plus tôt l'aspirant chef. Les gens se sont abstenus de voter. Dans mon comté (Chapleau, où il a tenté sa chance, en octobre 2008), un taux de participation de 45 %, cela n'a pas de bon sens. Les gens ne sont tout simplement pas allés» voter.

Gilles Taillon s'est d'ailleurs donné pour mission, s'il accède à la barre de l'ADQ, de «ramener chez nous les 700 000 électeurs qui sont restés chez eux», en s'abstenant de déposer leur bulletin dans l'urne, au scrutin du mois d'octobre.

M. Taillon a pris les devants en admettant devant les médias qu'il avait annoncé son retrait de la vie politique, en décembre. Les pressions des militants adéquistes et la santé de son épouse l'ont fait changer d'idée. Cette dernière a sorti l'argument décisif, a-t-il rapporté. «Si tu n'y vas pas [dans la course à la direction], tu vas le regretter pour le reste de tes jours», lui a-t-elle dit.

Aucune pression

Le politicien ne sent aucune pression d'être élu rapidement à l'Assemblée nationale, s'il l'emporte devant Éric Caire et Christian Lévesque et devient chef de l'ADQ. René Lévesque a dirigé le Parti québécois de 1968 à 1976 avant de faire son entrée au Salon bleu, a-t-il rappelé. Le libéral Robert Bourassa a fait de même, de 1983 à 1985, a-t-il ajouté.

M. Taillon écarte la possibilité de demander à l'un des six députés de sa formation politique de lui céder un fauteuil. «Ils ont remporté des victoires personnelles», a-t-il souligné au sujet de gains remportés malgré les forts vents contraires qui ont balayé la majorité des adéquistes élus en 2007.

Gilles Taillon s'est affiché comme un «candidat de la continuité» de l'idéologie adéquiste et un proche de Mario Dumont. Celui-ci nous a amenés au seuil du pouvoir», seuil que l'ADQ franchira sous sa conduite, a soutenu l'aspirant chef.

«Économie comme éducation, nous étions sur les bonnes cibles», a-t-il soutenu