mardi 28 juillet 2009

La vraie course au leadership débute à l'ADQ

(Source: Article de Yves Chartrand , Rue Frontenac )
QUÉBEC – Avec l’ouverture de la période de mise en candidature, la course à la direction de l’Action démocratique du Québec (ADQ) montera d’un cran à compter de mardi. Ceux qui aspirent à chausser les grands souliers de Mario Dumont auront jusqu’au 18 août pour déposer leur bulletin.

Malgré la défaite crève-cœur de décembre, les aspirants ne désespèrent pas de devenir enfin le véhicule politique des lucides.

Jusqu’à présent, quatre hommes ont fait part de leur intention de briguer la direction au congrès du 18 octobre, fort probablement à Québec.

Le député Éric Caire et les anciens députés Christian Lévesque et Gilles Taillon ont mis en place une organisation digne de ce nom pour convaincre les militants de les porter à la tête du parti.
Un quatrième candidat, Jean-François Plante, un animateur de radio, a également indiqué son intention de se présenter, mais sa candidature apparaît plus folklorique.

Selon les règles établies par les instances de l’Action démocratique, les aspirants à la chefferie doivent amasser un millier de signatures chez les membres du parti pour pouvoir se présenter, dont 60 dans chacune des 12 régions administratives du Québec.

Il s’agit là d’un défi de taille car l’adhésion à l’ADQ est très inégale sur le territoire québécois et a subi un désintérêt énorme depuis la raclée de décembre dernier.

Une absence désolante des lucides

Pour un, Éric Caire a pris le taureau par les cornes et a entrepris au début de l’été une tournée générale de la province. Son idée première était de faire le tour du Québec en tente-roulotte avec sa femme Marie-Ève Lemay et leurs quatre enfants, dont le dernier a à peine cinq semaines!

«Mais avec l’été pourri que nous avons, j’ai changé d’avis. Je veux bien devenir chef de l’ADQ, mais je ne veux pas d’un divorce!», a laissé tomber lundi en riant Éric Caire, de Saguenay où nous l’avons joint.

Le député de La Peltrie, le seul des candidats actuels à avoir gardé sa circonscription après les ravages du dernier scrutin, a déjà complété une grande partie de sa tournée et il se dit content par ce qu’il a vu.

«Je vous avoue que j’étais craintif devant le défi de recueillir une soixantaine de signatures dans chacune des régions, mais maintenant je suis rassuré. C’est sûr que ce n’est pas l’engouement de 2007, mais l’ADQ demeure un parti crédible auprès de la population, je m’en rends compte sur le terrain.»

Caire dit entendre souvent que Mario Dumont a dit la vérité lors de la dernière campagne électorale, particulièrement sur la question des prestations de retraite.

«Les gens se souviennent que Mario Dumont avait prédit que les chèques de pension seraient coupés à cause des pertes de la Caisse de dépôt et ils lui sont reconnaissants d’avoir dit la vérité», dit-il.

Par contre, celui-ci trouve «désolant» de constater que la bande des lucides ne se manifeste pas durant cette campagne au leadership. Les auteurs du manifeste Pour un Québec lucide de 2005 ont une occasion en or de pousser leurs pions et leurs idées dans cette course.

«Ces gens-là doivent se manifester. Leur argument d’autorité pourrait faire de l’ADQ le véhicule politique idéal pour faire les réformes qu’ils jugent nécessaires pour le Québec. Ils doivent occuper l’espace public.»

Proposer une véritable confédération

Mais selon Gilles Taillon, les lucides vont attendre de savoir qui prendra la tête de l’Action démocratique du Québec avant de se manifester. «Ils veulent savoir d’abord qui va mener la barque avant de bouger. Et moi, je me propose bien de les solliciter, une fois chef de l’ADQ», dit-il.

L’ex-bras droit de Dumont, battu en Outaouais en décembre, dit que sa campagne «va bien». Il compte déposer son bulletin de mise en candidature quelque part au mois d’août.
Pour l’instant, il consacre une grande partie de son énergie à bâtir une plate-forme électorale qu’il compte rendre publique vers la mi-août. Ces propositions seront «très audacieuses», notamment au chapitre constitutionnel.

«J’ai l’intention de proposer de faire du Canada une véritable confédération, comme c’était l’idée au départ mais qui a été pervertie avec le temps par les partis fédéraux. Avec ce qui se passe à Terre-Neuve-et-Labrador, en Alberta, en Saskatchewan et les gouvernements minoritaires à répétition à Ottawa, je crois que le fruit est mûr pour transformer en profondeur ce pays. Je vais proposer la pleine autonomie des provinces, doublée d’une association économique pancanadienne.»

Gilles Taillon cite en exemple la communauté européenne, où des «États-nations» se sont donné des institutions communes tout en gardant leur pleine souveraineté.

Une troisième voie crédible

Pour sa part, Christian Lévesque estime lui aussi que les lucides se manifesteront s’ils ont l’assurance que l’ADQ peut vraiment constituer de façon crédible la fameuse troisième voie tant recherchée, selon lui, par les Québécois.

«Notre vrai défi est de faire la preuve que l’ADQ a un avenir après le départ de Mario Dumont, dit-il. Si nous réussissons à le démontrer, les lucides vont se manifester et vont travailler avec nous, j’en suis persuadé.»

Même s’il est en campagne depuis le printemps dernier, Lévesque a fait une pause dans les dernières semaines pour se… marier!

Il s’est payé le luxe d’un voyage de noces de deux semaines à Cuba avec sa bien-aimée, Marie-Lyn Cantin. Depuis son retour, il arpente le Québec pour multiplier les contacts et honorer les conditions requises du bulletin de mise en candidature. Il compte déposer son programme de campagne vers le 15 août pour ensuite intensifier sa tournée provinciale en septembre.

«Il faut des idées géniales et crédibles pour relancer l’Action démocratique. Et moi, j’en ai plein», assure-t-il.

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