lundi 29 juin 2009

Mieux gérer la santé en mode autonomiste!


(À M. Réjean Parent, président de la Centrale des syndicats du Québec)

J'ai lu vos propos concernant le testament politique de M. François Legault. Vous l'accusez, sans ménagement, de colporter un mantra néolibéral en plaidant pour une augmentation de la productivité et de la remise en question des vaches sacrées. Vous en avez sur la nécessité d'accroître l'efficacité des écoles et des hôpitaux. Votre argumentaire repose sur le fait qu'il y a un essoufflement de nos ressources humaines et que les gens travaillent plus que ce qu'on leur demande. Vous dites, sans nuances, que le monde est en train de mourir au travail et on parle de gains de productivité.

Alors, selon vous, nous ne pouvons pas améliorer l'efficacité et la productivité de nos réseaux publics de santé et d'éducation car le personnel est, déjà, au bout de ses forces. Il n'est pas possible d'en tirer davantage. Permettez-moi d'en profiter pour élargir le débat, monsieur Parent: il ne vous est jamais venu à l'idée que le problème est peut-être ailleurs, qu'il s'agit d'un problème de gestion?

C'est là une vache sacrée que personne ne veut aborder au Québec. Nos hauts fonctionnaires ont perdu le contrôle de nos réseaux. Il est clair qu'ils sont dépassés par les événements. Et qui en souffre? Tout le monde: les bénéficiaires, les employé(e)s et les contribuables. Il est irresponsable pour un gestionnaire de faire travailler des employé(e)s dans de telles conditions. Une organisation qui abuse de ses ressources humaines hypothèque la qualité des services à la clientèle. Tôt ou tard (mais inévitablement) l'organisation va devoir déclarer forfait.

Et cela, je le sais, et ça m'inquiète. Les Québécois(e)s aussi le savent. Ils veulent des solutions. Ma conclusion et ferme conviction est que nos réseaux de la santé et de l'éducation ne sont pas gérés, mais qu'il est possible de le faire en changeant nos façons de faire. Nous devons réorganiser la gestion de nos réseaux publics afin d'en augmenter l'efficacité et la productivité au bénéfice des usagers, du personnel et des Québécois(e)s.

Plus possible de discuter...

Cela est possible. Les vaches sacrées, monsieur Parent, c'est quand nous ne pouvons plus discuter. C'est quand l'utilisation d'un mot devient un tabou, déclenchant tout de suite une riposte démesurée. Cela fait trop longtemps qu'il n'y a plus de débats publics au Québec. Je crois qu'il faut, au contraire, avec courage et conviction, discuter de la situation de nos services publics. Il n'est plus possible de continuer comme nous le faisons sans mettre en péril notre avenir, individuellement et collectivement.

Il nous faudra bien, un jour, mettre sur la table la situation réelle de nos réseaux publics, les enjeux et les solutions. Il faudra bien que nous en discutions avec les Québécois(e)s et prendre, ensemble, en toute connaissance de cause, les solutions qui s'imposent. Faire l'autruche comme le fait le gouvernement libéral n'est pas une solution. Cela fait partie du problème. Ne pas toucher aux vaches sacrées que sont les programmes sociaux et les solutions mur à mur si chères au PQ, cela ne l'est pas davantage.

En matière de santé et d'éducation, nous devrons ajuster l'offre de services en fonction de la demande des Québécois(e)s et notre capacité, collective, de payer. Pour ma part, je vous le dis, je crois fermement à un réseau public de santé et d'éducation, efficace et productif, avec des employé(e)s de l'État qui seront respectés, parce que les personnels seront mieux gérés.

Fin des budgets ratio/population

Le premier élément de la solution est de redonner aux dirigeant(e)s de nos établissements, les moyens d'agir. Et ceux-ci reposent sur la capacité qu'ils auront de gérer leur budget, leurs revenus et leurs dépenses. Nous devons mettre un terme à la méthode dépassée, mais toujours utilisée, des budgets fermés établis par un ratio de la population à desservir.

La solution repose sur le principe de la liberté de choix des citoyenne(ne)s et une saine gestion du réseau. Les principaux éléments sont les suivants :

1. Un réseau de santé public fort, efficace et productif. Le privé viendrait en complément, selon la décision des individus et conformément à nos valeurs de liberté. Cependant, tous les contribuables, sans exception, devront contribuer, par leurs impôts, au régime public. Il n'y aura pas de médecine publique à deux vitesses servant deux classes de citoyen(ne)s.

2. Le régime devra être géré selon les grandes lignes suivantes:

a. Nous créerons une société de gestion des hôpitaux et des établissements de santé.

b. Les gestionnaires auront le contrôle des revenus et des dépenses.

c. Ce sont les citoyen(ne)s qui décideront où iront les budgets puisque la carte d'assurance-maladie de la Régie deviendra une carte paiement (les fonds suivront les soins reçus par le patient).

d. Ce sont les établissements qui rémunéreront les médecins et qui géreront les besoins et les affectations (il y aura obligation pour les médecins de faire un minimum de services professionnels dans le réseau public).

e. Nous réglerons le problème des pénuries de personnel par des stratégies appropriées à chaque catégorie d'emploi puisque les problématiques sont différentes. Pour les médecins et les spécialistes, nous lèverons les quotas et les plafonds d'intervention des chirurgies.

Je ne prétends pas avoir la solution parfaite. Dans cette perspective, je vous invite au dialogue et surtout à garder les portes ouvertes. Nous devons, ensemble, avoir la responsabilité de trouver des solutions réalistes aux problèmes de nos services publics et cela aux bénéfices des contribuables et de vos syndiqué(e)s.

L'avenir du Québec le commande.

Christian Lévesque

Candidat à la direction de l'Action démocratique du Québec

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