lundi 1 juin 2009

Taillon nage en pleine contradiction


(Article de Simon Boivin dans Le Soleil)


(Québec) Gilles Taillon s'est emporté, hier, contre les «conservateurs» qui se mêlent de la course à l'Action démocratique du Québec. Pourtant, vendredi, son responsable du financement a dîné avec le sénateur conservateur Léo Housakos - un important bailleur de fonds - et sollicité une rencontre pour son candidat.

Au dernier jour du XXe conseil national adéquiste, à Sainte-Foy, l'aspirant chef Taillon a fait une sortie remarquée contre «certains conservateurs» qui appuient «certaines candidatures» à la direction de l'ADQ.

«Oui, il y a des inquiétudes», a dit M. Taillon, qui y voit «définitivement» des signes d'ingérence. «On espère bien que nos amis les conservateurs vont comprendre que l'ADQ est un parti autonomiste et veut travailler dans le respect de ses idées et du Québec, a-t-il poursuivi. [...] On entend des bruits à travers les branches, et je vous dis que ma position est très claire : pas question de prise de contrôle d'un parti fédéraliste sur l'ADQ.»

Dans son numéro d'hier, Le Soleil a écrit que M. Housakos a approché Gérard Deltell pour l'assurer de son soutien, ce que n'a pas nié le député de Chauveau. Le sénateur corrige qu'un ami commun les a mis en contact, que M. Deltell lui a demandé conseil sans solliciter son appui. Le même sénateur avait confirmé son soutien à une éventuelle candidature - jamais avérée - de Myriam Taschereau, ex-candidate conservatrice dans Québec.

La sortie «autonomiste» de M. Taillon a surpris M. Housakos, hier. Quelque 48 heures plus tôt, le responsable des finances et de la mobilisation de sa campagne, l'ex-député de Blainville Pierre Gingras, a partagé un repas avec le sénateur conservateur.

«J'ai eu le plaisir de rencontrer très récemment M. Gingras, on a eu une très bonne conversation et je suis supposé rencontrer M. Taillon dans les prochains jours à la demande de M. Gingras», affirme le sénateur, qui assure ne pas avoir arrêté son choix pour la course.

«Ça se peut que le choix que je fasse soit d'appuyer M. Taillon, poursuit-il. Je ne comprends pas du tout sa sortie d'aujourd'hui. Ça n'a aucun bon sens.»

Le sénateur - dont les aptitudes de financement sont reconnues - a aussi eu «plusieurs conversations» avec Guy Lehoux et Claudette Carrier, «des amis qui travaillent à la campagne de M. Taillon». Il souhaite avoir des discussions avec chacun des candidats.

Les déclarations de M. Taillon ont détonné avec celles des autres aspirants, hier.

«Léo Housakos, au-delà d'un bailleur de fonds, il a sa carte de membre de l'ADQ, a commenté Éric Caire. S'il veut s'impliquer et choisir un candidat, c'est son droit le plus légitime. [...] Même s'il a été nommé à un poste officiel, ça ne l'empêche pas d'avoir un passé et des convictions adéquistes. Je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas s'impliquer.»

Même son de cloche du côté de M. Deltell, qui doit faire part de sa décision au cours des prochains jours. «Il y a des gens du Parti libéral du Canada à l'ADQ, note-t-il. Du Parti conservateur aussi. Moi, les gens que je rencontre, ce sont des adéquistes.»

Une éventuelle participation du député de Chauveau à la course n'effraie pas le candidat Christian Lévesque. «Toutes les idées vont être bonnes pour le parti, dit-il. Qu'on additionne de nouvelles personnalités à la course, ça ne peut qu'être bénéfique et j'en suis très content.»

Dans la foulée du conseil général, M. Lévesque a tenu une activité dans une salle de l'hôtel avec une soixantaine de partisans à qui il a répété son programme. Pancartes et t-shirts de sa campagne étaient nombreux. Il admet avoir déjà investi de sa poche des sommes pour sa campagne. Les partisans de Gilles Taillon arboraient aussi un foulard bleu, hier.

Tous les candidats se sont dits favorables à rendre public le nom des donateurs à leur campagne. Le président du comité électoral de l'ADQ, Pierre-Éloi Talbot, responsable d'encadrer le financement, soutient que les règles seront similaires à celles lors d'élections générales. Un rapport sera remis au Directeur général des élections après la course et seuls ceux qui contribuent plus qu'un certain montant y verront leur nom. Pour les autres, «c'est clair que ça va rester confidentiel, ce n'est même pas une question», dit-il.

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