samedi 13 juin 2009

Boycott de Robert Gillet par l'ADQ: Christian Lévesque se dit mal à l'aise avec la décision des élus

(Québec) Christian Lévesque ne peut cacher un «certain inconfort» devant la décision prise par les élus de l'ADQ de boycotter l'animateur de radio Robert Gillet. Les députés n'ont «pas à être des juges», clame le candidat à la direction de l'Action démocratique du Québec.

Hier matin, au moment où Le Soleil révélait le mot d'ordre voté par le caucus des parlementaires adéquistes, M. Lévesque se présentait au studio de Sortir FM pour une entrevue avec l'animateur matinal ostracisé en raison de sa condamnation, il y a cinq ans, pour avoir acheté les services sexuels d'une adolescente.

Pour l'ancien député de Lévis - de mars 2007 à décembre dernier -, «cela a été une surprise quand j'ai entendu parler de ça [la décision du caucus]. On n'a pas, en devenant député, à être juge des gens.

«On doit surtout démontrer une ouverture, a-t-il enchaîné. La réhabilitation, c'est quelque chose d'important dans notre société», a-t-il commenté.

Christian Lévesque a refusé d'endosser le commentaire de Robert Gillet voulant qu'un tel boycottage soit le fait d'un «parti d'extrême droite, intolérant». «On ne peut» cataloguer d'extrême droite une formation en se basant «sur un seul fait».

Par contre, «il va falloir revoir - et la course à la chefferie constitue le moment pour ça - nos visions pour le futur. Cela veut dire montrer une plus grande tolérance à notre environnement. Il faut commencer à prôner concrètement la réhabilitation.

«Quelqu'un a pu commettre des erreurs, mais il peut apprendre de cela», a-t-il glissé, en ajoutant que tous en font. «Le premier qui me dit qu'il n'en a pas fait, je pense que je n'en veux pas dans mon cercle d'amis», a-t-il lancé.

Le leader parlementaire de l'ADQ, Marc Picard, a de son côté maintenu la ligne à l'endroit de l'animateur Robert Gillet. En point de presse, à l'Assemblée natio-nale, le député de Chutes-de-la-Chaudière a répondu du bout des lèvres que la notion de «pardon» existe à l'ADQ. Mais «nous ne sommes pas rendus à cette étape» de tourner la page avec celui qui était le plus célèbre accusé dans l'opération policière Scorpion, sur la prostitution juvénile, en 2002.

Pour M. Picard, la seule orientation prise par le caucus consiste à «ne pas participer» à cette émission radiophonique. «Je pense que M. Gillet et la station veulent en faire une polémique pour augmenter les cotes d'écoute, tout simplement.»

Un non-élu, également en lice pour tenter de succéder à Mario Dumont, a adopté l'orientation prise par les députés adéquistes. Gilles Taillon a fait savoir que lui «et son équipe» sont «à 100 % solidaires de la décision du caucus». Son porte-parole André Verrette n'a pas voulu se prononcer sur la question du droit à la réhabilitation. «Si jamais le caucus révise sa position, nous verrons à ce moment.»

Christian Lévesque a profité de l'entretien pour indiquer qu'il n'est pas favorable à l'abolition des commissions scolaires, un thème fort des adéquistes, sous Mario Dumont.

«Je suis contre le mot abolition», a-t-il signalé lors de son entretien. «Éric Caire [député et également sur les rangs pour obtenir la barre de l'ADQ] est pour l'abolition des commissions scolaires. Gilles Taillon est pour l'abolition des agences de la santé. Pour moi, ce ne sont pas des mots constructifs.

«On peut revoir les rôles des structures, a-t-il poursuivi. Mais les abolir, ça veut dire quoi? On fait tomber le couperet, mais on fait quoi?»

Il a assimilé une telle approche à celle du «mur à mur» que préconisent, selon lui, les «vieux partis. Ça veut dire : voici la solution. On coupe. C'est fini. Bonsoir! Nous [à l'ADQ], nous devons être le parti qui amène des solutions. [Le parti] qui veut amener des solutions, faire avancer le Québec, pas commencer à le détruire, morceau par morceau.»

PQ et PLQ

M. Lévesque ne voit pas en quoi le Parti québécois menace l'ADQ, avec sa stratégie de rapatrier progressivement des pouvoirs d'Ottawa par la tenue de plébiscite sectoriel. «Pauline Marois [la chef du PQ] pense recréer l'engouement des années 70 avec des référendums. C'est dépassé.»

L'ex-député adéquiste s'est moqué des libéraux qui «ne réalisent rien. Ils parlent d'un grand bâtisseur», a-t-il évoqué au sujet du titre que les militants ont donné à leur chef, lors d'un récent conseil général. «Mais leur bâtisseur ne bâtit rien.» Ce qui constituerait une différence avec un gouvernement dirigé par les adéquistes. Celui-ci mettrait un terme à «la vétocratie» où il suffit qu'un opposant «lève la main pour qu'un projet arrête».

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