mercredi 24 juin 2009

Éric Duhaime réplique à Sébastien Proulx


Tiré du Soleil

Un parti de droite? L'ADQ n'a d'autre choix que de l'assumer


Éric Duhaime, consultant en développement démocratique actuellement en Irak et ex-conseiller politique de Mario Dumont de 2003 à 2008

Mon ami Sébastien Proulx y est allé un peu fort en prétendant que l'ADQ n'est pas un parti de droite, comme s'il s'agissait d'une maladie honteuse (Cyberpresse - 23 juin 2009). L'actuelle course à la direction du parti permet certes un important débat d'idées mais elle ne peut faire dériver le bateau vers de dangereux récifs d'incohérence.

Déjà qu'il a fallu près d'une décennie à notre parti pour définir notre positionnement constitutionnel. Pendant dix ans, les adéquistes se faisaient demander s'ils étaient souverainistes ou fédéralistes. Question à laquelle on ne pouvait que répondre ni l'un, ni l'autre. Maintenant, nous sommes autonomistes et avons clairement défini ce que ça implique en termes de pouvoir et de rapport de force. Cela nous a permis d'ouvrir d'autres débats beaucoup plus urgents et importants pour le Québec.

On ne va quand même pas commencer aujourd'hui à répondre à la question « êtes-vous de droite ou de gauche » par un ni un, ni l'autre. Il n'y a pas de honte d'être de droite et en tant qu'adéquiste on a le devoir de s'accepter. Un parti qui souhaite réduire la taille de l'État, mettre fin au monopole public du système de santé, réduire la dette, valoriser les libertés individuelles, s'attaquer plus vigoureusement aux criminels et remettre les assistés sociaux au travail est définitivement un parti de droite.

La raison d'être

On peut utiliser un slogan de droite humaniste ou de droite de compassion, mais on ne peut remettre en cause la raison d'être de notre parti. Des partis politiques qui ne sont ni de droite, ni de gauche et qui sont uniquement focalisés sur la question constitutionnelle, on en a déjà deux vieux au Québec.

La pertinence de l'ADQ, c'est justement qu'il y a un Éric Caire pour affirmer vouloir s'inspirer du film «L'illusion tranquille», un Gilles Taillon pour se présenter comme le candidat de l'économie qui veut relancer « notre parti sur la base de nos valeurs de centre-droit », un Christian Lévesque obsédé par un « État plus efficace et moins couteux », un Gérard Deltell pour dire à la CSN que des hausses salariales de 11,5% dans le contexte actuel n'ont pas de bon sens, une Sylvie Roy pour défendre quotidiennement les victimes d'actes criminels à l'Assemblée nationale, une Marie Grégoire pour parler de l'importance de l'équité entre les générations et même un Jean-François Plante pour dire merde à la rectitude politique.

Le combat de l'ADQ depuis plus de 15 ans consiste à dépolariser le Québec sur l'axe constitutionnel souverainiste-fédéraliste pour ramener le débat vers un axe gauche-droite, comme dans pratiquement toutes les autres démocraties du monde.

Ce qui différencie probablement la droite québécoise de la droite d'ailleurs sur notre continent ou même en Europe est la quasi-absence chez-nous d'une droite morale ou religieuse. Ça s'explique peut-être par la jeunesse de nos militants adéquistes ou la rupture entre l'État québécois et l'Église catholique depuis la Révolution tranquille. L'ADQ peut donc être taxée d'être un peu plus libertarienne que conservatrice à l'intérieur de la grande famille des partis politiques de droite. Mais là s'arrête les différences.

N'en déplaise à mon ami Sébastien, il ne s'agit pas ici d'une question de dogme mais simplement de cohérence. À nous tous adéquistes d'assumer que nos idées sont de droite et de redonner à cette droite québécoise les titres de noblesse qu'elle mérite

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