mardi 15 septembre 2009

Nuire à sa cause

(Source:Le Soleil)

Éditorial de Pierre-Paul Noreau

(Québec) Gilles Taillon a une inquiétante manière de servir les intérêts du parti dont il réclame actuellement la direction. Ce n'est certainement pas en démolissant la crédibilité de son collègue Éric Caire comme il l'a fait au cours des derniers jours qu'il va favoriser la reconstruction de l'Action démocratique du Québec.

Ses attaques répétées à propos de la formation universitaire du député de La Peltrie laissent pantois. Non satisfait de l'avoir traité de «tricheur» à la suite de la publication de textes suggérant que son équipe ou lui pourrait avoir embelli son curriculum vitae au chapitre des études, voilà que M. Taillon a ajouté hier l'insulte à l'injure en soutenant que M. Caire a en fait échoué tous ses cours universitaires...

Belle attitude à l'égard d'un collègue adéquiste! Heureusement qu'il n'est ni péquiste ni libéral. On peut bien accepter que ce dernier ait trébuché dans la présentation de son CV, mais il ne mérite tout de même pas d'être pendu haut et court politiquement pour autant.

Le plus incroyable est que Gilles Taillon est celui-là même qui s'était plaint du comportement d'Éric Caire lors du premier débat entre les candidats à la direction de l'ADQ. À l'issue de ce premier face-à-face, l'ex-président du Conseil du patronat du Québec avait joué les censeurs, exhortant son collègue à cesser les attaques personnelles et à revenir au débat d'idées. Il appert que l'ancien adjoint au chef Mario Dumont prêche un credo et en pratique un autre.

De ce dérapage, car c'en est un, il est tentant de conclure que Gilles Taillon est un candidat qui est conscient qu'il traîne loin derrière dans la course à la direction de son parti et qu'il doit tenter le tout pour le tout pour espérer revenir dans le peloton. Sinon, il faut se poser de sérieuses questions sur la qualité du jugement de l'ancien vice-président de la Fédération des commissions scolaires.

Dans un cas comme dans l'autre, il vient d'attirer l'attention des sympathisants de l'ADQ sur un trait de caractère pas du tout rassurant. On se serait attendu à tout autre chose d'un homme dont l'expérience devrait le placer au-dessus de la mêlée.

Même s'il gagne la course, Éric Caire est désormais un homme marqué. Il va porter les cicatrices de cette affaire encore très longtemps. Ses adversaires n'ont pas fini de lui rappeler qu'un de ses propres collègues l'a dépeint comme un tricheur. Quant à l'idée que les deux hommes puissent désormais travailler ensemble, il faut oublier ça.

Cet épisode divise donc la jeune formation. Déjà ébranlée à la suite de la déconfiture électorale et du départ de son chef, l'Action démocratique ne peut s'offrir ce genre de déchirement, sans faire dangereusement gîter le navire.

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