samedi 29 août 2009

Lettre ouverte de Christian Lévesque à Éric Caire


(Source: CNW Telbec)
La hausse des frais de scolarité que tu proposes privera bien des jeunes d’avenir et d’espoir


Éric,
Ta proposition de hausser, substantiellement, les frais de scolarité n’est pas appropriée et nuira, non seulement à l’Action démocratique du Québec, mais au Québec tout entier. Je sais que tu es convaincu de la justesse de ta position et que, dans ces cas, tu n’écoutes plus personne. Tu restes campé sur tes positions, tout en faisant valoir que ton intransigeance est du courage politique. Ce n’en est pas et ta proposition n’est pas dans l’intérêt supérieur du Québec.
La hausse des frais de scolarité que tu proposes ne fera qu’augmenter la fracture sociale entre les riches et les pauvres sur le dos des jeunes qui ne sont pas encore en mesure d’assumer leurs choix. Cela ne fera pas décroître le fléau du décrochage scolaire et n’encouragera certainement pas l’accessibilité à l’éducation supérieure. Moi, je ne veux pas d’une société où les chances dans la vie se mesurent uniquement à la richesse des parents.
Ce que l’Équipe Lévesque propose, c’est de mettre un terme au sous-financement des universités et de nos écoles techniques supérieures, en faisant la distinction entre les universités d’État (le réseau de l’Université du Québec) - où les frais de scolarité seront indexés au coût de la vie - et les universités semi-privées qui pourront, quant à elles, proposer des frais de scolarité plus élevés. Cela est conforme à notre philosophie adéquiste. Aux États-Unis, par exemple, il y a des universités d’État qui coexistent avec de multiples universités privées qui sont libres d’imposer les frais de scolarité de leur choix. Cela devrait nous inspirer surtout lorsqu’on prétend, comme tu le fais, s’inspirer de ce qui se fait ailleurs.
L’ADQ doit être le parti de la famille et celui de la classe moyenne. Ce que les Québécois veulent, c’est de ne pas travailler uniquement pour payer les taxes, les impôts et les tarifs de l’État. Ils veulent vivre aussi dans une société où les soins de santé sont accessibles et de bonne qualité, le système d’éducation accessible et performant et les infrastructures sécuritaires.
Est-ce que tu sais qu’à la Commission scolaire de Montréal, 60% des élèves n’obtiennent pas leurs diplômes d’études secondaires à l’intérieur de la période normale de cinq ans et que 42% des élèves vivent dans une famille à faible revenu? En ce qui a trait aux frais de scolarité, tu invoques l’argument de rejoindre la moyenne des États américains et des provinces canadiennes qui nous entourent, mais tu oublies que nous ne sommes pas dans la moyenne de la richesse. Le Québec est une des sociétés les plus pauvres, mais aurait des frais de scolarité dans la moyenne. Car c’est ce que tu proposes : une hausse draconienne des frais de scolarité.
Ce que tu oublies, Éric, c’est que l’éducation n’est pas seulement une richesse individuelle mais elle est aussi une richesse collective. Les nations les plus éduquées sont les plus riches et les plus performantes économiquement, et socialement. C’est ce qui nous permettra, dans une économie du savoir, de tirer notre épingle du jeu. Voilà pourquoi l’éducation devrait être une priorité nationale et un investissement assumé par tous.
Lors du débat de dimanche, tu m’as pointé du doigt, avec arrogance et certitude, en me disant «Tu vas taxer davantage le travailleur pour financer les études», et ensuite tu m’as dit «Pourquoi est-ce que je paierais pour tes enfants?» Et bien, mon cher Éric, le travailleur contribue, à la mesure de ses moyens c’est-à-dire de son revenu, aux impôts qui permettront à ses enfants d’aller à l’université ou aux études techniques supérieures. Il le fera d’autant plus qu’il sait qu’il ne pourrait pas le faire seul. Chacun contribue selon ses moyens.
Les parents veulent un avenir pour leurs enfants. C’est ce que je m’engage à leur donner. Tu vois, je n’ai pas encore d’enfants mais je pense à tous ceux qui grandissent, actuellement, au Québec. Ils doivent grandir dans l’espoir d’une vie meilleure chez nous. Ils doivent grandir avec la certitude qu’ils ne commenceront pas dans la vie endettés jusqu’au point de décrochage. C’est ma conviction. Et c’est celle – j’en suis sûr – d’une grande majorité d’adéquistes et de Québécois pour qui l’éducation n’est pas d’abord et avant tout un bien privé.
Sincèrement.
Christian Lévesque

2 commentaires:

  1. Je trouve sympatique la lettre de monsieur Lévesque et je crois que la société (pas seulement les gouvernements) doivent trouver des solutions à bâtir une société civile éduquée.

    Il y a cependant un petit point minuscule qui m'a un peu fait tiquer et c'est celui-ci, vous le trouverez sûrement très banal:

    "l’intérêt supérieur du Québec"

    Je ne crois pas justement qu'il y ait UN intérêt supérieur du Québec. Je trouve que ce bout de phrase sonne très nationalo-péquiste et je suis un peu personnellement inconfortable avec.

    Je crois au contraire que nous formons une collection d'individus de toutes origines et de toutes langues qui tentent du mieux qu'ils le peuvent de vivre en harmonie les uns avec les autres. Je ne dis pas que Christian Lévesque prétend le contraire bien au contraire mais à mon avis, il faut davantage être préoccupé par les cheminements individuels de tous et chacun et que cette éducation et ce financement qui va avec, c'est sans l'ombre d'un doute du cas par cas et qu'il faut s'assurer que l'argent des prêts et bourses aillent aux bonnes personnes et non pour aller faire de l'intérêt (quoi que bien mince de nos jours) en attendant pendant que fiston ou fille reste chez papa-maman pendant ses études.

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  2. M. Caire nous as rencontré dans la région de Québec, ma famille et moi avons décidé après ce positionnement de voter pour Christian Lévesque.

    Il ne faut pas empêcher l'accessibilité aux études de nos enfants.

    Bonne chance M. Lévesque!

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