jeudi 27 août 2009

Éditorial de Pierre Jury:Querelle intestine au sein de l'ADQ

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Ils sont par moments laborieux, les lendemains de l'époque Mario Dumont au sein de l'Action démocratique du Québec. Quand un homme a mené un parti aussi longtemps et de façon aussi unanime que M. Dumont, il fallait un peu s'attendre à ce que la succession soit par moment chaotique.

Quatre candidats sont sur les rangs : Éric Caire, Christian Lévesque, Jean-François Plante et Gilles Taillon, (Alors que le parti n'a que peu de racines en Outaouais, il est étonnant de constater que deux des quatre ont des liens avec la région. M. Taillon habite en Outaouais et il s'est présenté aux dernières élections provinciales dans la circonscription de Chapleau, perdant aux mains de la recrue libérale Marc Carrière. Et M. Plante est depuis peu l'animateur matinal de TAG 96,5 Radio X Gatineau-Ottawa.)

Parti clairement affiché à droite, c'est du flanc encore plus à droite qu'est venue la tempête, cette semaine, concernant la candidature de Jean-François Plante. Le parti a annoncé, mardi, qu'il était exclu de la course à la direction en raison de « signatures insuffisantes ». Chaque candidat devait amasser 1000 appuis à la grandeur du Québec, ainsi qu'un minimum de 60 dans chacune des 12 régions administratives du parti.

L'ADQ a statué qu'il avait échoué dans cinq des 12 régions.


M. Plante, qui a le verbe facile et les images éloquentes, a lancé avoir été victime de « méthodes douteuses » de la part de certains « apparatchiks » de l'ADQ, nommément son président d'élection, Pierre-Éloi Talbot. Le terme « apparatchik », qui décrit un membre influent du Parti communiste en Union Soviétique, a aujourd'hui pris un sens péjoratif. C'est certainement le sens des paroles de M. Plante, qui voit dans toute cette affaire une manoeuvre de quelques dirigeants de l'ADQ qui tentent de l'écarter de la course en raison de ses positions tranchées. Une révision judiciaire pourrait avoir lieu pour dénouer l'impasse.

Il est certain que M. Plante dérange. Ce n'est pas nouveau. En 2007, Mario Dumont avait écarté Jean-François Plante de l'ADQ en pleine campagne électorale, parce que le candidat dans la circonscription de Deux-Montagnes avait tenu des propos douteux en ondes, entre autres sur la récupération féministe de la tuerie de Polytechnique, survenue en décembre 1989. Dans la présente course, M. Plante défend des valeurs que l'on peut qualifier de libertaires, ou « libertariennes » : liberté et responsabilités des individus, égalité des droits, libre entreprise, baisse des impôts, réduction de la taille de l'État, etc.

Les candidats des franges politiques, à droite comme à gauche - et sur la question nationale au Québec, les purs et durs ainsi que les ultra-fédéralistes - sont rapides à accuser de complot ceux qui sont plus au centre. Ils ont souvent une fibre paranoïaque et, dans le cas présent, il faut reconnaître que l'ADQ ne s'aide pas en usant de motifs bureaucratiques pour rejeter la candidature de Jean-François Plante. La meilleure chose à faire avec des militants de la trempe de M. Plante, c'est de les laisser faire. Cela est parfois difficile au quotidien, alors que le discours public peut s'encrasser de pro­­pos discordants, extrémistes, voire intolérants. On l'a vu en France avec Jean-Marie Le Pen et son parti, le Front national, avec des tendances racistes fortement avouées. On l'a vu aussi en Alle­magne avec une frange nazie aux positions apparentées au Front national, avec une touche de vio­lence en prime. Mais il faut avoir confiance en la démocratie et la sagesse des populations qui n'iront collectivement ni trop loin d'un côté, ni trop loin de l'autre.

Dans le cas qui nous concerne, Le Droit a confiance que les militants de l'ADQ rejetteront naturellement les visées trop drastiques d'un candidat comme Jean-François Plante, si elles devaient remonter à la surface.

En ce sens, l'ADQ ferait bien de s'entendre avec les militants qui appuient M. Plante et qui tentent aujourd'hui de rétablir la crédibilité de sa candidature. À défaut d'un accord, l'animateur de radio pourrait s'avérer une épine sous le pied de l'Action démocratique du Québec en multipliant les accusations qu'il s'éloigne des valeurs de respect et d'ouverture qui ont donné naissance à l'ADQ en 1994. Cela ne servirait ni l'ADQ, ni la démocratie.

2 commentaires:

  1. Comparer Jeff Plante à Jean-Marie le Pen, il faut le faire quand même. Mais quand ça vient du grand journal Le Devoir, comment être surpris?

    En passant, qu'est-ce qu'un "ultrafédéraliste"?

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  2. Le journal est ''Le Droit '' ?

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